Mes Humeurs

Écrire pour voyager au pays des mots, des images, des émotions, des humeurs et des rêves.
J’écris avec mon inspiration ou guidée par les propositions des ateliers d’écriture de Marie.
Partager ce voyage, lancer une bouteille à la mer.
Prise dans les filets de la toile, peut-être souhaiterez-vous l’attraper, découvrir son contenu.
Vous aimerez ou pas, je ne saurai rien de vos découvertes, elles vous appartiennent déjà !

Chimères

Pouletvrier

Le Poulévrier est un volatile véloce
Dans ses courses folles après des lapintades en carton, il s’emballe, devient cramoisi, voire rôti
Dans ce cas, restez prudent, il peut partir en vrille !

(Deux orthographes sont admises : pouletvrier ou poulévrier)

Vacheval

Vacheval ou à pied
Huit pattes
Une crinière
Et des yeux très doux
Vacheval ou à pied
Suis ton chemin

Lionceautarie

Tout petit, le lionceautarie ne tarit pas de rêves de banquises et de ballons rouges
Il s’imagine les faire virevolter de sa queue en éventail vers sa crinière pailletée sous les regards des enfants émerveillés

Gazellan

Aérienne sur tes pattes,
Tu prends ton élan vers les forêts nortropicales, mêlant tes bois aux branches de baobabs.
Gazellan,
Tu réconcilies robustesse et légèreté, brassant les essences végétales du Sahel à la Laponie.

Vautourterelle

Pour faire pardonner ton œil perçant et ton bec acéré,
Tu t’es paré d’un roucoulement aux douceurs infinies
Yin et Yang
Ombres et lumières
Vautourterelle, berceau d’humanité

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Océan

Je n’avais jusqu’alors jamais imaginé un océan aux formes géométriques : parois lumineuses et glacées, visages curieux ou las passant comme des fantômes, je glisse sans élan d’une vitre à l’autre.
Jadis, un halo timide éclairait mes profondeurs abyssales, je connaissais le rythme des jours et des nuits. Mes branchies filtraient les eaux chargées d’ultrasons et de zooplancton.
Parfois, d’étranges palmipèdes s’aventuraient dans mon domaine. Silhouettes noires et faisceaux de lumières laissaient échapper des nuages de bulles de leurs branchies dorsales et cylindriques. Sur leur peau, ni plumes ni écailles, juste une gangue de néoprène noire et lisse pour accélérer leurs mouvements. Ils circulaient seuls ou en bande.
Malgré mon envergure, je filai alors me terrer dans les anfractuosités rocheuses, en compagnie de mes sœurs venimeuses les murènes.

Maintenant, je plane sans raison, mon dard, mes ailes n’effraient que les enfants : narines et paumes de mains collées aux vitres, ils s’éparpillent bruyamment quand ma nage me rapproche des parois. Les plus courageux me hèlent au loin avec des sobriquets qui résonnent dans les couloirs bleu nuit : « Raymond, Raymonde, Raie Manta, le diable te mangera ».

Mais demain je le sais, l’Océan turquoise reviendra me chercher.
Une ritournelle chante et envahit mon corps comme un mantra :

« Raie Monde, Raie Manta, l’Océan est en toi, L’Océan est à toi. »

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Comptines

En découdre

Araignée, Tu tisses ta toile connectée
Fake news et communautés
Sont prises dans tes filets

Art et recueillement

Taupe,
Toi la Galeriste des vernissages nocturnes
Tu entends au matin
Les mélopées de nos frères humains
Recueillis devant ton tumulus
Ils n’osent pénétrer tes tunnels d’aveugle éternelle

Double sens

Hippocampe
Loin des marées du Mont Saint Michel et de leurs chevaux galopants
Tu flottes entre deux eaux paisibles
Fixant nos souvenirs de ton œil d’émeraude
Dans les méandres de nos âmes d’enfant

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Origamis et Crocodiles

nature

Pour Andrée, les blouses roses : un engagement discret et joyeux.
Être, simplement, à l’hôpital avec les enfants.
A 65 ans, elle s’était plongée dans un nouvel apprentissage, assidue aux stages de loisirs créatifs et conférences de spécialistes pour assurer une présence utile et chaleureuse tous les mercredis à l’hôpital de Cimiez.
Andrée s’immergea dans les origamis : comment, avec un papier de soie transparent, jaune soleil ou rose indigo, faire surgir une cocotte, une colombe, un crabe ou un poisson. Elle devint la dompteuse de crocodiles en perles de rocaille et fil de fer qui s’animaient au bout de ses doigts. Dans cet appartement, au premier étage d’un immeuble triste et populaire, ma chambre n’était déjà plus mienne : depuis plusieurs années, elle s’était égayée de laines multicolores, de cartons et sacs plastique avec papiers crépon, feuilles de Canson, feutres, peintures, tout le balluchon qui serait transporté à l’hôpital mercredi prochain.
Elle qui n’avait pas de temps pendant notre enfance, prise entre le travail au lycée, la vie à la maison et les jours qui défilaient, avait choisi à sa retraite de donner de son temps aux enfants le mercredi. Tout s’était fait simplement, sans expliquer, sans jamais s’approprier les attentes ou besoins des enfants. J’en avais même raté le lien avec sa propre histoire.
Le mercredi, à 13h30 précises, elle quittait le parking du bas de l’immeuble au volant de sa Renault 5 crème : en route pour Cimiez ! Assise dans sa voiture, elle dépassait à peine du tableau de bord, tassée sur son siège, portant avec une élégance rare sa paire de gants ajourés en dentelle et cuir pour ne pas se brûler en tenant son volant chauffé par le soleil. Après quelques côtes et lacets, carrefours et feux tricolores, elle était transportée dans les beaux quartiers, si calmes et vides dans ces heures de début d’après-midi. On devinait cependant une vie, riche et facile sans doute, derrière les fenêtres des villas et bâtisses victoriennes de la Côte d’Azur.
13h50. L’entrée de l’hôpital, Andrée retrouvait ses amies, souriantes et bavardes, avant de rejoindre le service pédiatrique. Quelques échanges sur la semaine, surtout avec Geneviève. Leur complicité s’était ancrée par des destins similaires : l’une et l’autre avenantes, sociables, avec le cœur au bord des lèvres, avaient épousé des bourrus, ours repliés dans leur antre, sans leur donner le plaisir d’inviter la vie et les êtres dans leur chez-soi. Andrée s’activait malgré l’arthrose aux genoux, les embouteillages du centre-ville, ses enfants parties loin, les soucis. Andrée sortait, vivait, partageait, puisait au fond d’elle-même une énergie pour être là, joyeuse et présente. L’arrivée dans le service, le silence après le déjeuner, la sieste pour les plus jeunes et les plus fatigués, Andrée et Geneviève se dirigent vers le bureau des infirmières, sourires chaleureux et informations précieuses échangés chaque semaine : préciser dans quelles chambres aller, ou ne pas aller, savoir à quelle heure rassembler celles et ceux qui pourraient se déplacer, prioriser les enfants sans visite aujourd’hui, prendre des nouvelles, discrètes et bienveillantes. Chambre 10, la première porte est poussée, puis se referme délicatement. Un murmure, une phrase légère flotte dans le couloir : « Qu’est-ce que tu veux faire ? Des pompons ? Un coloriage ? Prends le temps de choisir. »
Andrée a quitté la chambre 10. Une paix et une lumière douce l’accompagnent. Elle longe le couloir, doucement. Une autre chambre, une autre vie.
16H30, les enfants se rassemblent dans la salle commune, utilisée les lundis et jeudis par l’instituteur. Un groupe se forme autour de Geneviève pour un atelier « perles de rocailles » : on sort le métier à tisser, les fils de nylon, les perles aux couleurs chatoyantes, un jeune garçon rejoint les deux adolescentes, il réclame un crocodile, c’est la plus grande des deux qui l’aide à faire un reptile rayé vert et rouge, à l’œil bleu turquoise. Andrée s’affaire avec la laine, elle prépare le matériel pour faire des pompons : la petite fille qui est avec elle commence, passe son brin de laine au centre du carton, l’emmêle après quelques tours, recommence, s’agace, c’est un peu long pour elle. Andrée raconte en même temps une histoire, elle ne lit pas, invente, explique aussi la vie à la campagne, dans la plaine des Vosges : traire les vaches, aller chercher le lait de bonne heure, l’école en face de l’Église, la classe unique, la sortie de l’année au salon de l’agriculture…La petite fille écoute, captivée par cette musique qui la transporte dans un autre monde. Le pompon est fini, elle l’offrira à son Papa bientôt, quand il viendra la voir.
Le soir tombe sur la ville, l’éclairage des couloirs du service pédiatrique a suspendu les heures. Les chariots des repas s’engagent à l’autre bout, il faut rentrer.
Fatiguée, silencieuse et droite, son sac à trésor à la main, Andrée quitte le bâtiment. Un baiser à Geneviève, « A mercredi prochain ! ». La petite Renault 5 au siège avachi est à sa place sur le parking. Deux coups de démarreur, retour vers sa banlieue, son appartement du premier étage, là où les heures sont les pires : chacun chez soi, les bruits dehors, la rue est aux dealers et aux mobylettes qui pétaradent. Elle va vers cette autre vie qui lui ressemble si peu. Demain il fera jour, elle ira au marché sur la place du Ray, puis au supermarché Casino, le pas toujours plus douloureux.
Il y aura encore des mercredis à Cimiez pour partager, pour aimer, toujours avec les enfants.
Merci Maman

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Métaphores

nature

La lavande est le bébé joufflu rose et frais
La marguerite est l’enfant, je t ‘aime passionnément
Le lilas est l’adolescent enivré de printemps
Le tournesol est l’adulte, tourné vers ses affaires, au champ comme à la ville
Le chêne est la maturité, pleine de sagesse
Le saule tortueux est le vieillard, ployé sur sa canne
Le cyprès est la mort, douce et paisible, bercée par le vent
Les immortelles sont les âmes des aimés, dispersées sur la dune, elles chuchotent des baisers emportés par l’écume

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