Aubrac

Aubrac,
Immense plateau perdu,
Lande abandonnée des Dieux, balayée par les vents,
Malgré les jonquilles éclaboussant de jaune les prairies verdoyantes,
Malgré les orchidées violettes en bordure de sentier.

Ils marchent, s’égrènent entre les passages aménagés dans les pâturages,
Ils sont seuls, à deux ou en grappes,
Silhouettes lointaines de sportifs ou pèlerins,
Humains, ils emportent avec eux pierres précieuses et chagrins.

Ne faites pas de bruit,
Ne les bousculez pas,
Ils sont lourds et fragiles sur ces sentiers de terre
Ils sont leurs pas qui s’enfoncent dans la tourbe
Ils sont leurs bâtons qui claquent sur les cailloux
Ils sont les croix de granit et fer forgé écartelées entre ciel et terre aux croisées des chemins
Ils sont l’ombre et la fraîcheur des nuages
Ils sont les truites arc-en-ciel qui glissent sous les ponts
Ils sont les chapelles discrètes des saints vénérés, Fleury, Roch, Foy, Marguerite
Ils sont les vitraux de lumière des soleils rasants

Ils vont,
Seulement cela ils savent
Ils vont vers leur chemin

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