Mes Humeurs

Écrire pour voyager au pays des mots, des images, des émotions, des humeurs et des rêves.
J’écris avec mon inspiration ou guidée par les propositions des ateliers d’écriture de Marie.
Partager ce voyage, lancer une bouteille à la mer.
Prise dans les filets de la toile, peut-être souhaiterez-vous l’attraper, découvrir son contenu.
Vous aimerez ou pas, je ne saurai rien de vos découvertes, elles vous appartiennent déjà !

Quatre temps

Un

Regards déposés sur mon coeur
Cristal de notes minérales
Gouttes de douceur séchées au vent
Une étoile lointaine brille
Les fils d’or des amours
Au centre, tourbillon vital
Tu parles
Tu expliques
Tu raisonnes
Tu justifies
Tu t’agites
Tu bavardes
Faire semblant, à la marge du Cercle
Seul le plongeon
Alors lâche! Saute!
Jette-toi dans la vie

Deux

Amours témoin des soleils et nuages
Miroirs multicolores, rayons détrempés
Fines gouttelettes à brumiser les coeurs fragiles
Espoirs d’un tapis soyeux
Laver les regrets invisibles
Je t’aime
Aussi

Trois

Nuage, coussin des étoiles filantes
Jour, mystère d’un cocon blanc suspendu à l’azur
Nuit, filet boomerang de pépites éblouissantes
Illuminer les chagrins d’enfance, traces volatiles, parfums de vie

Quatre

Il y a aussi le gris
Grisou tel un coup de tonnerre vomi des entrailles par les veines noir jais
Grise mine des réveils fragiles entre cauchemar et lumière
Gris taupe des fourrures abritant les regards ingrats dans la douceur des poils lisses, brillants, grimaces des limaces qui glissent
Traces de vie parallèles

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Poèmes de minuit

Nuit sans lune
Coeur clignote
Rythme du phare
Pouls des étoiles
Vie Fugace
Il est si tard

Deux doigts descendent en rappel vers l’interrupteur
J’ai cent ans
J’ai vingt ans
Rêves lavés de toute mémoire
Le ciel étoilé compte les espoirs

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La Renault 8

828 NW 06,
C’est bien sa plaque d’immatriculation imprimée dans ta mémoire, la Renault 8 jaune crème, complice des escapades familiales proches et lointaines.
Carrosse des dimanches de pique-nique, ses pneus ne sont jamais loin des fauteuils de toile et de la table en formica transportés dans son coffre puis dépliés sur une étendue d’herbe. Ses portières avant et arrière ouvertes du même côté servent d’abri « pause pipi » dans les zones à découvert, quand les troncs d’arbre ou herbes hautes font défaut.

C’est elle aussi qui assure les transhumances estivales inversées de Nice vers les Vosges, périple de plus de 800 km sans autoroute, à parcourir obligatoirement d’une traite, sans pause sauf si urgence absolue.

Son coffre subit les brimades de son chauffeur : jamais assez fonctionnel pour loger valises, sacs, glacière à l’aller, agrémentés de bocaux de haricots verts du jardin, confitures de myrtilles, fraises et mirabelles au retour. Tu te rappelles cette aventure une fin d’été, dans le sens Nord Sud, en franchissant la frontière franco-suisse : deux douaniers zélés optèrent pour un examen scrupuleux de tout son contenu, bagages posés sur le macadam devant la barrière rayée du poste frontière et ton père blanc de rage à l’idée d’avoir à reconstituer le Tetris grandeur nature du chargement une fois l’inspection terminée.

Sa banquette arrière, d’un seul tenant, sans ceinture de sécurité, témoigne de la vie des filles au fil des années et des voyages : le landau posé sans arrimage dans leurs premiers mois d’existence, le hamac suspendu entre les deux vitres arrière pour qu’elle puisse voyager allongée avec ses jambes plâtrées. Son revêtement en skaï brun garde en lui toutes les traces des débordements accidentels lors de ces transhumances. Les vomis des enfants de l’ère d’avant le miracle pharmaceutique nautamine, symptômes incontrôlables des tangages dans les virages en épingle à cheveux de la route Napoléon reliant Nice à Digne, les quelques gouttes de pipi lâchées avant la demande suppliante d’une pause pendant ce trajet de plus de douze heures, les traces de graisse du jambon échappé des tranches de pain de mie qui vient s’écraser sur la banquette, la sueur laissée par les empreintes des cuisses nues collées au skaï lors des traversées orageuses de fin d’après-midi en approchant des Vosges.

Cette R8 abandonnée à la casse, si elle pouvait te parler, elle te chuchoterait les charades répétées pour faire passer le temps, les départements français appris grâce aux plaques minéralogiques des véhicules croisés et doublés, les cris et pleurs des enfants fatigués par tous ces périples, elle te chanterait les ritournelles et comptines, entonnées à deux ou trois voix, en canon parfois, timbres légers, musiques d’enfance : « Vent frais, vent du matin, vent qui souffle au sommet des grands pins… »

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Foulard

Paon, hibou, faisan, canard, perruche, légers dans les brises célestes, tour à tour, avec une infinie délicatesse, ils déposent leurs plus belles plumes sur ce carré soyeux, chaud comme des dunes dorées au soleil couchant. Rayures, plumetis, zébrures, frou-frou, des bleus, des oranges, des roses, des gris ardoises ou taupe, des verts émeraude, couleurs franches ou fondues illuminent cette étendue beige.

Elle étale le foulard sur le divan, du plat de la main, elle l’effleure puis le lisse, le plie en diagonale et le noue autour de son cou, égayant le col de son tailleur bleu marine.
Ce soir, elle le rangera dans le premier tiroir de la commode, à droite, à côté des gants de cuir ajourés.

Alors tu fermes les yeux, envahie par les senteurs de la soie, du mélange de poudre à la violette, de sa peau et de son eau de toilette. Comme un cerf-volant dans un ciel d’azur, son carré de plumes est arrimé à ton cœur.

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Aubrac

Aubrac,
Immense plateau perdu,
Lande abandonnée des Dieux, balayée par les vents,
Malgré les jonquilles éclaboussant de jaune les prairies verdoyantes,
Malgré les orchidées violettes en bordure de sentier.

Ils marchent, s’égrènent entre les passages aménagés dans les pâturages,
Ils sont seuls, à deux ou en grappes,
Silhouettes lointaines de sportifs ou pèlerins,
Humains, ils emportent avec eux pierres précieuses et chagrins.

Ne faites pas de bruit,
Ne les bousculez pas,
Ils sont lourds et fragiles sur ces sentiers de terre
Ils sont leurs pas qui s’enfoncent dans la tourbe
Ils sont leurs bâtons qui claquent sur les cailloux
Ils sont les croix de granit et fer forgé écartelées entre ciel et terre aux croisées des chemins
Ils sont l’ombre et la fraîcheur des nuages
Ils sont les truites arc-en-ciel qui glissent sous les ponts
Ils sont les chapelles discrètes des saints vénérés, Fleury, Roch, Foy, Marguerite
Ils sont les vitraux de lumière des soleils rasants

Ils vont,
Seulement cela ils savent
Ils vont vers leur chemin

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